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Le développement du tourisme à Hainan, Sébastien Goulard

Sébastien Goulard qui prépare une thèse sur l’intégration de la province de Hainan sous la direction de François Gipouloux, vient de participer à International Conference on Decentralization and its Discontents: Recalibrating Public Service Delivery in Asia, 17-18 novembre 2011, The Hong Kong Institute of Education, Hong Kong. Il y a donné une conférence sur  le développement du tourisme à Hainan.

Résumé de l’intervention :

Depuis le début des années 2000, le tourisme est devenu l’un des principaux secteurs économiques de l’île de Hainan. Pour l’actuel plan quinquennal, le Conseil des affaires d’état a décidé de transformer Hainan en une destination touristique internationale. Pour atteindre cet objectif, des politiques innovantes ont été mises en place, donnant à la province un statut unique en Chine. Ces mesures ont transformé les relations entre Beijing et Haikou, et peuvent être considérées comme faisant partie d’une nouvelle, mais incomplète, phase de décentralisation. Dans les années 1980, Hainan avait déjà reçu l’attention du pouvoir central qui y avait expérimenté des réformes très ambitieuses. Cependant, bien que l’île ait accédé au rang de province et soit devenue une zone économique spéciale, Hainan n’a pas connu de développement comparable à Shenzhen et aux autres zones expérimentales : la croissance économique que connaît alors Hainan provient principalement de la spéculation immobilière. A cause de cet échec, l’île a été considérée comme un « brouillon » à réformes. La prétendue décentralisation appliquée à Hainan dans les années 80 n’a pas été complète et était principalement limitée au niveau administratif. L’émergence d’une économie libre de marché, un objectif de la décentralisation, n’a pas eu lieu en dépit de la politique de laissez-faire encouragée par le pouvoir central.

Avec la mise en place de nouvelles mesures ayant pour objectif de développer le tourisme sur l’île, une approche plus progressive a été adoptée par Beijing ; pour réduire les risques de surchauffe, le pouvoir central a gardé plus de contrôle sur les politiques d’innovation qui ont été strictement encadrées. Le gouvernement local a aussi montré plus de capacités à défendre les intérêts de l’île dans le processus de réformes. Cela a eu pour résultat une plus grande décentralisation politique, ainsi qu’une meilleure distribution géographique des projets économiques. Cependant, la décentralisation économique n’a pas été obtenue. Bien que les plans visant à développer le tourisme à Hainan aient attiré les investisseurs étrangers, ces mêmes mesures ont limité l’émergence d’un secteur privé local. Le choix de Beijing d’appliquer d’une manière très progressive ces politiques de diversification touristique, a renforcé la position des entreprises publiques détenues par le gouvernement provincial. Celles-ci interviennent dans l’ensemble des secteurs du tourisme local, cette participation a renforcé le poids du tourisme, mais c’est aussi un obstacle à l’émergence d’une réelle économie de marché. Cette collusion entre le gouvernement local et les entreprises détenuespar la province est aussi une menace à la soutenabilité de l’industrie touristique à Hainan en raison de la spéculation immobilière dont elle est à l’origine.

Avec le cas de Hainan, nous constatons que la mise en place brutale de réformes décentralisatrices provoque toutes sortes d’instabilité, mais que malheureusement les réformes plus progressives renforcent le pouvoir des entreprises du secteur public. Les politiques innovantes, et les réformes administratives ne sont donc pas suffisantes pour créer les conditions favorables à une décentralisation économique ; et donc les décentralisations politique et économique ne peuvent être envisagées séparément. (Abstract in English)

Jacqueline Nivard

Jacqueline Nivard, Centre d'études sur la Chine moderne et contemporaine

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OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Jacqueline Nivard (30 novembre 2011). Le développement du tourisme à Hainan, Sébastien Goulard. Carnets du Centre Chine (CNRS/EHESS). Consulté le 24 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/me5r


Jacqueline Nivard

Jacqueline Nivard, Centre d'études sur la Chine moderne et contemporaine

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