Conférence d’Adeline Herrou, intitulée “Vieux maîtres et nouvelles générations de spécialistes religieux aujourd’hui en Chine. Ethnographie du quotidien et anthropologie du changement social.”
Adeline Herrou est chargée de recherche au CNRS. Elle est rattachée au Laboratoire d’Ethnologie et de Sociologie Comparative (LESC, UMR 7186 du CNRS).
Résumé de l’intervention
Parmi les vieux maîtres des religions chinoises, certains se singularisent par des parcours de vie singuliers : entrés en religion avant la Révolution culturelle et même pour quelques uns avant la Libération (1949), ils furent renvoyés à la vie laïque pendant la période d’interdiction de tous les cultes (sous Mao) puis rappelés à la vie religieuse au début des années 1980. Témoins des différentes périodes de trouble du 20e siècle, ils sont aujourd’hui en mesure de raconter ces événements de leur propre point de vue. Mais surtout, ces personnages qui ne sont aujourd’hui plus qu’une poignée sont les seuls à pouvoir faire état de la manière dont ils pratiquaient autrefois certains rituels et techniques d’ascèse, et d’expliquer comment ils s’accommodaient au quotidien des différentes tâches qui leur incombaient. Au delà des discours, leurs façons de vivre et de parler, les objets de culte qu’ils possèdent et les pratiques qu’ils perpétuent sont autant de sources d’informations précieuses sur des savoirs et des savoir-faire qui pour certains seraient sur le point de tomber dans l’oubli. En plus de contribuer à la compréhension et à la préservation de ces savoirs, l’observation ethnographique voudrait saisir les processus de patrimonialisation —et parfois aussi de divinisation— à l’œuvre localement. En filigrane, porter la focale sur les spécialistes religieux, par des portraits mêlant histoires de vie et descriptions de l’existence présente, dans leurs interactions avec les laïcs mais aussi avec leurs confrères des autres religions, il s’agit de s’interroger sur la diversité du paysage religieux chinois et sur ses transformations en contexte de modernité.
Date
Jeudi 11 avril 2013, de 11 h à 13 h
Lieu
EHESS, salle 681, 190 avenue de France, 75013 Paris
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante : Monique Abud (9 avril 2013). Vieux maîtres et nouvelles générations de spécialistes religieux. Carnets du Centre Chine (CNRS/EHESS). Consulté le 18 janvier 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/medu
Les Carnets du Centre Chine sont édités par le Centre d’études sur la Chine moderne et contemporaine. Ils traitent de la vie scientifique de l’équipe de recherche en présentant les recherches et les activités scientifiques de toute l’équipe du CECMC : interviews d’auteur lors de la sortie de livres, comptes rendus d’ouvrages de chercheurs du CECMC et de conférences lors de la venue de chercheurs étrangers, exposés de doctorants sur leurs recherches et notes de chercheurs de retour de mission.
Parmi les vieux maîtres des religions chinoises, certains se singularisent par des parcours de vie singuliers : entrés en religion avant la Révolution culturelle et même pour quelques uns avant la Libération (1949), ils furent renvoyés à la vie laïque pendant la période d’interdiction de tous les cultes (sous Mao) puis rappelés à la vie religieuse au début des années 1980. Témoins des différentes périodes de trouble du 20e siècle, ils sont aujourd’hui en mesure de raconter ces événements de leur propre point de vue. Mais surtout, ces personnages qui ne sont aujourd’hui plus qu’une poignée sont les seuls à pouvoir faire état de la manière dont ils pratiquaient autrefois certains rituels et techniques d’ascèse, et d’expliquer comment ils s’accommodaient au quotidien des différentes tâches qui leur incombaient. Au delà des discours, leurs façons de vivre et de parler, les objets de culte qu’ils possèdent et les pratiques qu’ils perpétuent sont autant de sources d’informations précieuses sur des savoirs et des savoir-faire qui pour certains seraient sur le point de tomber dans l’oubli. En plus de contribuer à la compréhension et à la préservation de ces savoirs, l’observation ethnographique voudrait saisir les processus de patrimonialisation —et parfois aussi de divinisation— à l’œuvre localement. En filigrane, porter la focale sur les spécialistes religieux, par des portraits mêlant histoires de vie et descriptions de l’existence présente, dans leurs interactions avec les laïcs mais aussi avec leurs confrères des autres religions, il s’agit de s’interroger sur la diversité du paysage religieux chinois et sur ses transformations en contexte de modernité.
